Le Verdon, cet endroit magique où la Garonne vient se jeter dans la mer, autrement dit l’estuaire de la Gironde, estuaire le plus vaste d’Europe.
Si on suit la Garonne, l’entrée de l’estuaire est gardé par la ville de Bordeaux. La Gironde n’est pas un fleuve, c’est le nom donné à cet estuaire où se rencontrent la Dordogne et la Garonne avant de se jeter dans l’océan atlantique.
Le Verdon est situé à la pointe de Grave, cette langue de terre, ce cap, marquant l’extrémité du Médoc.
Les amateurs de vin auront reconnu les noms de vins de qualité, qui n’a jamais entendu parler de « vin de Grave » ou de « Médoc » ? Le Château Margaux, par exemple ?
Au Verdon vous verrez la Garonne, transportant les eaux du Tarn, du Lot, de la Baïse et jumelée depuis quelques kilomètres à la Dordogne, se jeter avec vigueur dans l’Atlantique.
Une randonnée vous attend entre port et bord de mer, jusqu’à Soulac Sur Mer, que vous soyez à pied ou à vélo, car une piste cyclable permet d’éviter le pédalage dans le sable.
Voici un extrait du texte que m’a inspiré cet endroit lorsque je l’ai visité en 2011 :
« …Je ne sais pas si la pointe de Grave est un endroit magique, mais il en impose. C’est l’endroit où la Garonne se jette dans l’océan. Je ne saurais dire si c’est vraiment comme ça que ça se passe ou si c’est l’océan qui s’engage dans les terres et enlace la Garonne avec volupté. Il y a là une impression d’intimité telle que j’ai la sensation de m’immiscer dans une scène amoureuse. Dans embouchure il y a bouche, qui dit bouche dit baiser. La Garonne embrasse l’océan avec fougue.
Un arc en ciel plonge dans les eaux agitées du fleuve, non loin du petit port dans lequel tangue, tirant sur ses amarres, le navire qui permet de traverser l’embouchure pour regagner Royan. C’est justement là-bas, sur l’autre rive, à Royan, dont les maisons semblent si blanches sur le ciel gris, que s’accroche l’autre extrémité de l’arc en ciel. Un pont arc-en-ciel relie les deux rives. J’aimerai le traverser, aller voir de l’autre côté si la vie est multicolore ou grise comme le ciel de ce jour.
En bout de la jetée, les vagues giflent le béton comme pour arracher au paysage cette création contre nature produite par l’homme. Plus loin, la mer se jette furieusement sur la plage blonde grimpant à l’assaut de la dune, puis se retire, laissant sur le sable une mousse blanche qui fond en crépitant. L’écume des jours, dirait Boris Vian.
Nous marchons sur la plage. Des traces de pas nous indiquent le chemin. J’aime les traces de pas, les pistes et les chemins. Ils vont quelque part et eux seuls savent où. Même si on les suit, on n’est pas certain d’arriver où ils veulent nous guider. Le soleil nous fait des clins d’œil, paillète d’or les rouleaux chargés de sable et déchire parfois les nuages pour faire place au ciel bleu azur, lavé par les pluies du matin.
La pointe de Grave porte bien son nom. C’est une pointe. Une langue de terre qui fini en fer de lance. Après, il n’y a plus rien. Que de l’eau. De l’eau à perte de vue. Plus rien n’arrête le regard. Je me sens soudain petite, un fétu de paille que le vent ou la vague peut emporter, enlever à cette presqu’île si fragile, si dérisoire. Ce bout de terre étroit donne l’impression de s’être extrait de la mer après une bataille titanesque et la mer agitée semble vouloir reprendre son bien par la force. Les pas de sable nous guident le long de la plage interminable et déserte. Les vagues se croisent, se chevauchent, tissent une toile infinie, effaçant les traces de pas. Devant nous, soudain, le sable est vierge. Il semble en repos, juste caressé par les flots à cet endroit plus calmes… »
Et maintenant place aux images !