Randonner en Ariège m’a toujours donné l’impression de faire un trek en Amazonie, le dénivelé en plus. Cette impression parfois, de découvrir un nouveau monde où personne n’a posé le pied est présente partout. J’y “traine mes guêtres” depuis les années 80 dès que je peux, car cette sauvagerie, cette rudesse et cette générosité de paysages ne se retrouvent nulle part ailleurs. Les vues y sont toujours étendues à l’infini et ce sont des milliers de sommets que nous offrent ses cimes.

Ses vallées étroites, longues et profondes, où le soleil passe à peine, retiennent la fraicheur et l’humidité longtemps, même au cœur de l’été les départ de randonnées dans ces failles étroites sont toujours très frais. Ses sommets peu spectaculaires (un seul 3000 totalement en l’Ariège), semblent débonnaires et faciles à atteindre, vus de loin, sans doute à cause de la verdure qui se mélange à la roche pour en adoucir la rudesse. Ses forêts denses et humides, ses villages aux noms typiques, ses ruisseaux chantants sont un émerveillement.

Ce visage bucolique, doux et frais, est vite démasqué lorsqu’on s’attaque à ses sommets. Pour résumer l’Ariège, je dirais : “il ne faut pas se fier aux apparences”
La rudesse de ses pentes dont les sentiers montent souvent à la verticale sans répit, la longueur de ses dénivelés rarement inférieurs à 1000m, ici, tout est excessif.

La verdure que l’on croyait tendre est un leurre, les sommets que l’on pensait accessibles se défendent rudement, le ruisseau que l’on imaginait chantant, hurle de cascade en cascade rendant le passage à gué, périlleux.
Les sommets défendent leur moins de 3000m mieux que nulle part ailleurs et j’ai gravi des 3000m et même des 4000m, bien plus aisément que certains “petits” sommets ariégeois.

Bref, du débonnaire qui devient vite plus éprouvant que de la haute montagne dès lors que l’on s’y frotte. L’Ariège se mérite.

Je vous parle plus haut des milliers de sommets qui s’étendent sous vos yeux dès que vous grimpez sur la moindre cime, c’est aujourd’hui sur le pic de Bassibié que je vous emmène. Il est le dernier 2000 l’Est de la crête des Trois Seigneurs.

Le départ du village de Gourbit est superbement empierré et monte à l’Ariégeoise, dré dans l’pentu, jusqu’à l’étang d’Artax (ou Artats). On suit un genre de crête boisée, entrecoupée de pistes forestières.

Au lac, il faut chercher un peu le passage, en prenant derrière les cabanes de pécheurs, pour rejoindre la crête de Grougn en traversée. Profitez-en, c’est l’endroit le plus reposant

La suite est toujours tout droit, sur la crête, où je regrette le temps où mes ancêtres marchaient à quatre pattes

Arrivée là-haut, quel bonheur ! La vue s’étend de la Cerdagne au Valier en passant par la montagne de Tabe, le Capcir, l’Andorre, les Espagnols Aneto et Posets sont là aussi, juste à côté des Luchonnais tout là-bas et d’un coup, la rudesse de la montée est oubliée et j’ai juste envie de dire “merci”.

Le retour par les crêtes, pic de Boucarle, Pla de Madame, Roc de Querquéou, suivis de la crête du Courtal Terrous, me donne soudain des envies de randonnée raquettes , car le Pic de Querqueou peut être gravi en raquettes … qui sait … l’hiver approche 🙂

La boucle fait 1320m de dénivelé pour 14km.