Bien que la neige soit omniprésente dans le Capcir depuis le début de notre séjour, nous décidons d’aller grimper soit le pic de Terrers, soit le Baxouillade, selon l’état du terrain. Pour un pic comme pour l’autre, nous devons remonter la vallée du Galbe jusqu’à l’Estany de la Portella d’Orlu, nous verrons sur place lequel recevra notre visite.

Direction Fontrabiouse, que nous n’atteignons pas, nous prenons à gauche la petite route qui mène au village d’Esposolla. Dans le village, nous prenons à gauche de la fontaine, la route qui se faufile entre les maisons puis traverse un pont, après lequel un vaste parking attend les promeneurs. Nous ne nous arrêtons pas, mais remontons la piste sur près de 5km, jusqu’à son point final, peu avant la Barraca de la Jaceta, sur un parking où nous laissons la voiture.

Nous passons la barrière que nous refermons derrière nous 😉 La piste est large et, sans risque de nous tromper, nous passons devant la Barraca de la Jaceta, puis, 20mn plus loin, devant celle de la Jaça de la Llosa.

Environ un quart d’heure après cette seconde bâtisse, une bifurcation à peine visible indique en face le refuge des Camporells (panneau un peu caché sur un arbuste) et la trace qui monte sur la droite n’indique rien du tout. C’est celle-ci qu’il faut suivre. A partir de là, elle est un peu moins nette, mais se suit facilement si on reste vigilent, cairns et balisages jaunes de loin en loin nous guident. En gros, nous montons rive gauche du torrent du Galbe plus ou moins proche de la rive.

Nous voilà sur le magnifique replat des Jassettes. Le ruisseau serpente dans cette vaste vallée, marécageuse en ce moment à cause de la fonte tardive. Nous devons nous déchausser pour traverser le Galbe, trop d’eau couvre les gués pour traverser en chaussures. Pas de danger car l’endroit est très plat et le ruisseau n’a aucune force pour nous entrainer dans une chute. L’eau est fraiche, et nous marchons un moment pieds nus sur les pelouses gorgées d’eau.

Le couloir qui monte vers El Roc Negre est totalement enneigé et pentu. Nous commençons à nous poser des questions sur l’état du terrain après l’Estany de la Portella.

Nous attaquons la montée tantôt dans les rhododendrons tantôt sur les névés si nous ne pouvons pas faire autrement. C’est à mi-pente que j’entends une explosion qui me fait regarder en direction du bruit. J’assiste alors à une coulée de neige et rochers sur le versant en face de nous, sous les contreforts du Pic de la Tribuna. J’ai pu filmer et vous verrez la vidéo en fin d’article.

Ceci nous semble un avertissement sur les conditions actuelles qui voient de fortes variations de températures entrainant l’explosion de roches emprisonnées dans la glace résiduelle. nous sommes en juin et ce phénomène va s’étendre sur toute la chaine pendant quelques semaines. La prudence reste de mise.

Nous atteignons une cuvette enneigée sur laquelle trône une antenne. Nous traversons cette cuvette pour rejoindre la dernière butte qui mène à l’Estany de la Portella d’Orlu. La pente s’accentue et cette fois, pas d’autre choix que de faire des marches. Nous n’avons pas les crampons, alors nous décidons de ne pas aller plus loin que le lac, ça ne serait pas prudent, surtout après l’avertissement que vient de nous envoyer la montagne. La montée vers le Coll de Terrers risque d’être dangereuse passé midi.

Le lac atteint, nous faisons demi-tour sans tarder car la chaleur devient plus intense et nous craignons d’autre coulées comme celle vue tout à l’heure, même si le terrain n’est pas le même que sur le versant d’en face, nous n’avons pas envie de partir sur la neige molle du névé.

Nous mangeons après avoir traversé le ruisseau pendant que nos pieds sèches, affalés dans l’herbe, nous resterions bien ici quelques heures. Nous assistons à une autre coulée, moins spectaculaire, avec des blocs de la taille d’un ballon de basket, qui couvre l’endroit où nous sommes passés il y a un quart d’heure.

Nous avons bien fait de modifier notre projet. Le Terrers et le Baxouillade seront là lorsque nous reviendrons, quand les conditions seront meilleures ou depuis la vallée du Laurenti moins enneigée. Et puis ça nous donnera l’occasion de revoir la splendide vallée du Galbe.