Encore beaucoup de neige au-dessus des Bouillouses en ce dimanche 17 juin 2018, premier jour de nos vacances.

Nous étions seuls pour cette ascension du Pic de la Grave par la vallée de la Têt, l’endroit est peu fréquenté, si ce n’est par les GR’distes qui ne font que passer et plutôt en sens inverse.
En effet, la plupart des GRdistes vont de l’Atlantique à la Méditerranées aussi la Portella de la Grava est-elle plus fréquentée en été au départ du lac de Lanoux (pour rappel le plus grand lac des Pyrénées françaises même lorsqu’il était lac naturel) ou du refuge des Besines.

Le Pic de la Grava, lui, est assez délaissé vu que le tracé ne passe pas à son sommet.

L’atteindre depuis les Bouillouses est réservé aux bons marcheurs car, sans être difficile, il faut parcourir plus de 23km AR et 1060 m de dénivelé. Si les deux premiers tiers sont quasi à plat, le gros du dénivelé, environ 750m, se fait à partir du pied du col, dans les trois derniers kilomètres.

Il faut longer le lac des Bouillouses par la gauche, en suivant le tracé rouge et blanc du GR10. En bout du lac, on laisse partir en face le sentier qui va à la Balmetta et aux Peric, dont la silhouette occupe le fond du tableau depuis les départ, pour prendre légèrement à gauche celui de la Portella de la Grava, toujours balisé GR.

Nous longeons maintenant la Têt rive droite sur plus de 5km. Nous commençons à traverser quelques névés, ce qui s’avère assez pratique car le terrain est marécageux à cause de la fonte tardive des la neige et des fortes pluies des mois d’avril et mai.

En bout de vallée, après voir quitté le ruisseau de la têt, nous traversons un cours d’eau par un pont de bois et commençons à nous élever un peu en direction du lac de l’Estanyol. Les névés deviennent plus grands et plus nombreux, nous sommes presque tout le temps dans la neige et la pente qui mène au col est totalement couverte.
Nous mettons les pantalons et sortons le piolet car la pente est raide. Nous nous dirigeons vers le pied du col, évident, par un dévers assez exposé. La glissade ne serait pas fatale, mais la brûlure en arrivant en bas serait assez douloureuse. Nous prenons pied sur un dôme rocheux dégagé à droite du col et nous arrivons ainsi à remonter presque jusqu’au col à sec. Encore un névé à franchir et la crête qui mène au Pic de la Grave est atteinte. Il suffit de la longer sur la droite, elle est sèche et grimpe rudement. La vue sur l’Etang du Lanoux dans sa tenue léopard, dessinée par les névés qui l’entourent, devient plus dégagée, le Carlit trône derrière nous. Peu avant le Coll de Lanos, les étangs d’En Beys encore gelés attirent le regard.

Un dernier névé bouche le passage, un replat où le bivouac serait paradisiaque et enfin le sommet est atteint. Une dépression nous sépare des Tres Piques Roges au bout desquels se pavane le Puig de la Cometa et en fond le Péric, roi du lieu.

Nous descendons manger au bord de l’Estanyol où une harde de mouflons d’au moins 50 têtes nous attend. Nous mettons un moment à comprendre que ce sont de mouflons, tant ils sont peu farouches. Ce sont leurs cornes enroulées se découpant sur la neige qui nous alertent. Magique. Du jamais vu pour moi. Nous en avons vu un en Corse lors de notre ascension du Cinto, et une fois dans les Pyrénées Espagnoles, lors de l’ascension du Cotiella, mais jamais en si grand nombre.

Retour par le même chemin.