Dimanche, 7h du matin, c’est le départ de Saravillo où nous avons passé la nuit; nous allumons les frontales et c’est parti pour une belle grimpette jusqu’au Plateau de la Corona Lierga, et ses trois sommets, Punta Boltorin, Punta Llerga et Punta Palomera (ou Betrin). C’est cette dernière qui recevra notre visite.

Nous devions monter nous garer au Col Santa Isabel où trône une cabane avec une grande table, deux couchages et du bois pour la cheminée; ça vaut vraiment le coup d’y passer la nuit, avec la vue qui s’ouvre sur le Movison Gran, la Montañesa et la Punta Llerga.

Hélas, la piste qui y mène (3€ en été) est impraticable avec des voitures de tourisme, il faudrait un 4×4 équipé hiver avec cette neige gelée qui la recouvre, ce n’est pas notre cas.

Cela ajoute 500m à la randonnée; même pas peur, nous n’hésitons pas une seconde, nous ferons 1300m (1288 exactement) au lieu des 800 prévus.

Nous coupons la piste par des sentiers en éboulis assez désagréables, pas faciles à repérer de nuit, avec la neige et le sous-bois touffu. En montant il y a assez de neige pour que ça passe bien, en revanche, à la descente, ça a pas mal fondu, ce sentier devient casse-pattes.

Après le col, le profil de cette sortie ne se prête pas à la raquette, c’est une sortie hivernale en mode alpin, soit crampons, soit chaussures, si ça passe. Aujourd’hui ça passe en chaussures mais la sous-couche est inexistante, l’herbe au-dessous rend le chemin très glissant, les pierres sont vite mises au jour.

Quelques dévers profonds demandent de l’attention et un ressaut rocheux une grande vigilance, surtout à la descente.

En été, ce tracé ne présente aucune difficulté, il n’en est pas de même aujourd’hui. La trace n’est pas faite, il faut se relayer un peu, l’enneigement n’est pas profond, environ 40cm par endroits, avec des rochers et de l’herbe dessous. Sans la protection de la sous-couche, c’est assez délicat.

Les pentes sont parfois dans les 35%, avec la neige, ne vous y aventurez pas sans être équipés et habitués à ce type de terrain.

Nous arrivons enfin sur la crête sommitale. Le spectacle vaut largement les efforts fournis pour arriver là. C’est de toute beauté, le Movison Gran (notre plan B s’il n’y avait pas eu de neige), le Cotiella, les Posets, les Puntas Fulsa et Suelza, la Montañesa, le Monte Perdido, on ne sait plus où donner de la tête.

Sur la crête le profil devient plus débonnaire, c’est idéal pour les raquettes que nous chaussons pour les 100 derniers mètres; c’est surtout histoire de ne pas les avoir portées pour rien encore une fois, mais ça montait bien en chaussures.

Sur le plateau sommital, la neige a été balayée et il doit y avoir 20-25cm pas plus. Il fait très froid, nous décidons de déjeuner sur la Punta Betrin et d’en rester là pour aujourd’hui.

Retour à la case départ par le même chemin 😉

Très beau parcours, à faire de préférence en crampons-piolet, lorsque la neige est remontée vers les 1600m, c’est à dire au-dessus des dévers les plus abrupts.

Nous aurons fait 1288m de dénivelé dont 1200 dans la neige vierge et un peu plus de 13km. De quoi savoir où on a les cuisses dans les prochains jours 🙂